Politique sans ambition
Le Conseil des États a, comme dernière action lors de la révision de la loi sur le CO2, supprimé la promotion des infrastructures de base pour les infrastructures de recharge dans les bâtiments multi-familiaux. Par conséquent, la loi, sept ans après l'initialisation de la révision, devient une nullité pour la mobilité électrique. Des objectifs intermédiaires d'émissions ambitieux ne figurent pas non plus dans le règlement. Cela consolide la position de la Suisse comme pays avec la politique de mobilité électrique la moins amicale. Il devient donc d'autant plus important d’assurer un accès facilité aux stations de recharge privées pour les locataires. Ce dossier a de nouveau été reporté.
En 2017, la Suisse a ratifié l'accord climatique de Paris. Le Conseil fédéral, qui a qualifié la loi sur le CO2 de pièce maîtresse de la politique climatique suisse, a envoyé ce règlement déterminant en révision totale la même année. Un processus politique a été ainsi lancé, qui, en gros, sept ans plus tard, a abouti à un tigre de papier édenté qui ne prévoit aucune amélioration pour l'électrification de la motorisation. Ironiquement, le Conseil des États a rejeté toutes les propositions d'amélioration. Il y a à peine cinq ans, la commission compétente du Conseil des États (UREK) considérait les « mesures de mobilité électrique » comme « favorables aux investissements, à l'innovation et à la création de valeur en Suisse ». En ce qui concerne le développement de l'infrastructure de recharge pour la mobilité électrique sur les lieux de vie et de travail, il y avait un besoin d'action en Suisse. Mais cette même commission ne voulait plus rien savoir à ce sujet.
Cette inaction et l'envie de stagnation s'accordent-elles avec l'image de soi autrement résolument innovante de la Suisse ? Christian Petit, PDG de Romande Energie, a récemment formulé cela ainsi : « Nous sommes devenus un pays anesthésié par un faux sentiment de confort qui croit qu'il peut faire la grimace à tous les projets d'avenir. Quel contraste avec nos grands-parents, qui étaient des pionniers audacieux dont nous devons le bien-être d'aujourd'hui. » Alors que d'autres pays font de grands pas en direction de la transition énergétique et des mobilités, notre politique est à des années-lumière du courage et de l'esprit pionnier. Le Parlement suisse a débattu au cours des dernières semaines et mois d'une date d'expiration pour les moteurs à combustion, d'objectifs d'émissions ambitieux ainsi que de mesures de soutien, et a finalement décidé de se décharger de sa responsabilité et de ne rien faire.
D'autant plus qu'il devient important désormais d'avancer le projet pour faciliter l'accès aux stations de recharge privées dans le cadre d'un contrat de location et de propriété. La première initiative politique a été soumise en 2021 et a été abandonnée après deux ans d'inaction du Parlement. La deuxième tentative aurait été inscrite à l'ordre du jour de cette session de printemps, mais a été à nouveau reportée et devrait être soumise au vote cet été. Des processus efficaces et une politique ambitieuse ont définitivement un autre visage.
Krispin Romang, Directeur Swiss eMobility